Vous avez repris l’Intermarché de Ghislenghien début 2024 pour le transformer complètement commercialement. Comment cela se passe-t-il depuis la réouverture ?
Pour l’instant très bien, le chiffre d’affaires a progressé de 50 % par rapport à l’année dernière. La surface, de 1.450 mètres carrés, n’a pourtant pas changé. Pour revenir aux prémisses, ce magasin était un Carrefour Mestdagh, construit en 2018 et exploité par une affiliée qui a décidé de prendre sa retraite en début d’année. Après avoir suivi la formation de chef d’entreprise Intermarché d’une durée d’environ 6 mois, j’ai repris ce magasin en janvier 2024.
Avec l’équipe, nous avons pris quelques semaines pour écrire le projet qui plairait à nos clients, le valoriser financièrement et le lancer opérationnellement. Nous avons fermé le point de vente durant le mois de juin pour le transformer. Désormais, plus de 50 % de la surface commerciale est dédiée au frais, avec une mise en avant des produits préparés sur place en boucherie, charcuterie, fromagerie et poissonnerie notamment. Nous avons également mis l’accent sur la création d’une cuisine intégrée au magasin pour y préparer des plats traiteurs et des sandwichs. Nous avons également lancé la préparation de crêpes sur place et la mise à disposition d’un bar à soupes.
A quoi est dû cette croissance si rapide depuis la réouverture ?
Je pense premièrement que le concept Intermarché, avec la mise en avant du frais préparé sur place, l’accent sur les promotions, les prix bas et la carte de fidélité qui rapporte des euros, plait aux consommateurs. Au niveau du concept, ce sont les adhérents présents sur le terrain qui le font évoluer en permanence. Si nous prenons à titre d’exemple la cuisine intégrée pour préparer les plats-traiteur, le bar à soupes ou encore la préparation de crêpes, ces évolutions ont été testées au préalable avec succès par d’autres indépendants.
C’est une des forces d’Intermarché : lorsqu’un adhérent teste une évolution du concept qui performe, il la partage et elle peut être mise en place par les autres adhérents. Avec mon équipe de collaborateurs, nous avons également apporté une nouvelle dynamique en nous intégrant mieux dans la zone et en développant notre communication sur les réseaux sociaux.
Vous avez fait vos armes dans deux enseignes concurrentes, quelles fonctions occupiez-vous avant Intermarché ?
Après mes études secondaires, où j’ai suivi une spécialisation en vente et marketing, j’ai tout de suite commencé à travailler, plus précisément au Carrefour Express de Lasne, dans le Brabant wallon. C’est dans ce premier magasin de proximité que j’ai pu découvrir la polyvalence du métier de commerçant. Après un an, le franchisé en charge du magasin m’en a confié la gestion quotidienne. Un an plus tard, il m’a proposé la gestion d’un deuxième Carrefour Express, à Ohain, à côté de Lasne. Après cinq ans d’activité au sein de Carrefour Express, j’ai eu l’opportunité d’officier durant quatre ans en tant que directeur adjoint chez Rob, supermarché alimentaire haut de gamme, basé à Woluwe-Saint-Pierre (Bruxelles), avant d’en devenir le directeur durant un an.
Comment avez-vous débarqué chez Intermarché ?
La direction d’Intermarché Belgique m’a proposé, en tant que cadre de l’entreprise, de prendre la responsabilité du pôle performance, destiné à accompagner les adhérents dans la formation et le développement des compétences de leurs collaborateurs. Le pôle performance accompagnait également les adhérents dans la mise en œuvre du nouveau concept commercial sur le terrain. Cette fonction m’a permis de rencontrer de nombreux indépendants et de développer mon réseau.
Vous êtes ensuite passé de l’autre côté de la barrière, de salarié Intermarché à adhérent, donc indépendant en charge de la gestion de votre propre point de vente. C’était un souhait de votre part ?
Lorsque j’ai démarré dans le retail, j’ai toujours voulu être indépendant et posséder mon propre magasin. Après quatre ans au sein du pôle performance, j’avais estimé avoir accumulé assez d’expérience pour me lancer. J’ai par la suite suivi la formation de chef d’entreprise de six mois, très complète, qui allie théorie et pratique. J’ai développé autant le côté commercial, que financier et comptable, sans oublier la législation sociale ou les normes d’hygiène avec le protocole HACCP. L’un des atouts de cette formation est de pouvoir être en relation avec de nombreux adhérents, ce qui permet de mieux cerner le quotidien de la gestion d’un magasin.
Combien de collaborateurs gérez-vous aujourd’hui?
Quand j’ai repris l’entreprise, nous étions 19 salariés, nous sommes aujourd’hui 34. Étant donné que nous sommes toujours en phase de progression et que la fin d’année, généralement chargée, arrive, je vais très certainement encore recruter. C’est assez positif car mon souhait est de continuer à grandir et pérenniser l’entreprise.
En parallèle de la gestion du magasin, vous occupez un tiers-temps chez Intermarché. En quoi cela consiste-t-il ?
Chez Intermarché, chaque adhérent dédie un tiers de son temps, le mardi et le mercredi, à une fonction de cogestion ou de codirection des services centraux basés notamment à Louvain-la-Neuve. Le choix de la fonction dépend des affinités et des envies de chacun mais aussi des besoins de l’enseigne. Mon tiers-temps est dédié à l’accompagnement en termes de gestion et de suivi opérationnel sur le terrain. Il est toujours important d’avoir un certain recul. En tant qu’adhérent, on a souvent le nez dans le guidon. Sortir de son point de vente, échanger avec d’autres indépendants permet de se ressourcer et finalement de trouver des réponses à des problématiques que d’autres ont déjà rencontrées.
Gérer l’ouverture d’un magasin en combinant un tiers-temps et, on l’imagine, une vie privée, est-il un exercice facile ?
La gestion du temps est somme toute propre à chacun. Je pense qu’il faut bien se connaitre, autant ses limites que ses forces, en évitant la surcharge mentale. Il faut arriver à se ménager si on veut tenir sur le long terme. Je ne pense pas qu’il y a de profil-type pour gérer un magasin, tout dépend de la manière avec laquelle on envisage les choses. Par contre, je pense qu’il faut au moins avoir une première expérience professionnelle significative, se former et s’impliquer dans son entreprise. Mon objectif est de faire grandir l’équipe et de la rendre autonome. Mon épouse et moi attendons notre troisième enfant dans quelques semaines. La fin d’année sera palpitante, ça tombe bien car j’aime les challenges !